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8 h 45
6 / Séance en plénière
9 h – 11 h

Questionner les humanités numériques

SH-3420 | Animation : Katharina NIEMEYER, professeure, UQAM / Chercheure, CRICIS
Intervenant·e·s : Luiz MARTINO, Christophe MAGIS, Sabrina BOULESNANE, Laïd BOUZIDI, Serge PROULX et Julien RUEFF
Les théories de la mutation des médias
Luiz MARTINO, Professeur, Universidade de Brasilia / Chercheur, CNPq
Rarement abordé par la réflexion théorique, le problème d'évolution des moyens de communication est pourtant indirectement bien présent dans la littérature spécialisée. La fréquence d'expressions comme « révolution médiatique », « âge d'or de l'information », cyberculture, « nouveaux médias », laisse entendre une certaine prise de position en faveur d'une vision de rupture avec les médias précédents. Cela reflète la dissolution de la notion de « moyen de communication » ou le refus d'accepter la technique comme un axe possible pour les analyses de communication. Bref, le problème n'est pas pris en compte pour ceux qui envisagent les médias comme des produits des enjeux politico-économiques, les logiques culturelles ou les usages sociaux. Cette communication propose un aperçu des les principales théories des mutations des médias, une analyse de l'état actuel de nos connaissances en la matière. 
Quel concept d'« Humanités » pour les Humanités numériques francophones ?
Christophe MAGIS, Maître de conférences, Université de Paris 8 / Chercheur, CEMTI
Les Humanités numériques (HN), qui connaissent une diffusion continue dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche depuis une quinzaine d'années, ont contribué à interroger de manière critique les manières de faire et de penser la science à l'heure numérique. Toutefois, une grande partie de ces questionnements s'est établie selon une mise en avant quasi-exclusive de la nécessité de la pratique numérique et des opérations permises par les TIC dans l'université (coding, data-mining, remix, etc.). À l'heure où les mutations du monde académique voient également ces techniques mises à l'honneur et reprises par un certain nombre de politiques globales d'inspiration néo-libérale concernant l'enseignement et la recherche, cette communication voudrait interroger la possibilité d'une résistance théorique critique que pourraient embrasser les HN afin de produire ce que l'on pourrait appeler une Théorie numérique critique, s'inspirant du projet de la Théorie critique établi par M. Horkheimer et H. Marcuse en 1937.
L'apport des recherches en Humanités numériques : tendances et enjeux ?
Sabrina BOULESNANE, Maîtresse de conférences, Université Jean Moulin – Lyon 3 / Chercheure, Magellan
Laïd BOUZIDI, Professeur, Université Jean Moulin – Lyon 3 / Chercheur, Magellan 
Le numérique est omniprésent dans l’activité humaine et organisationnelle, intégrant la sphère privée comme publique et reconfigurant, de fait, nos pratiques info-communicationnelles. Notre travail de recherche, tout en s’inscrivant dans le champ des Sciences de l’Information et de la Communication, porte sur les Humanités Numériques qui se sont développées face à la profusion croissante du numérique. Nous nous appuyons sur un fondement théorique qui va nous permettre de mieux appréhender le concept d’Humanités Numériques, son évolution et les principaux concepts mobilisés.
Enjeux méthodologiques et épistémologiques de la recherche actuelle en sciences sociales sur les pratiques informationnelles
Serge PROULX, Professeur émérite, UQAM / Chercheur, LabCMO
Julien RUEFF, Professeur associé, Université Laval / Chercheur associé, CRICIS 
Cette communication tire son origine d’une triple observation : le constat d’une complexification des pratiques informationnelles, d’une prolifération de plateformes numériques, mais aussi de la production, par ces mêmes dispositifs, de grands corpus de données (Big Data). Dans ce contexte, les sciences sociales semblent devoir se positionner par rapport aux évolutions engendrées par cette reconfiguration sociale et technique, autant du point de vue de leurs stratégies méthodologiques, de leurs techniques d’enquête que de ce qui caractérise et définit les conditions de validité des connaissances en sciences sociales. C’est dans ces circonstances que seront exposées plusieurs questions animant aujourd’hui la communauté scientifique au sujet des dimensions méthodologiques et épistémologiques de la recherche en sciences sociales sur les pratiques informationnelles.
7 / Séances en parallèle
11 h 15 – 12 h 45

La numérisation du quotidien

SH-2420 | Animation : Martin LUSSIER, professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
Intervenant·e·s : Bachir SIROIS-MOUMNI, Myriam DUROCHER, Lucie DELIAS et Caroline MARTI
Instagram et la star-sportive au sein du media sport cultural complex
Bachir SIROIS-MOUMNI, Doctorant, UQAM / Chercheur CRICIS
Si le sport participe à la construction des identités dans le monde entier (Appadurai, 2011(1990)), cette proposition s'intéressera à problématiser la plateforme Instagram et la star-sportive du soccer au sein du Media Sport Cultural Complex (Jhally, 1989; Rowe, 2004; Maguire, 2011) nord-américain comme un des site productif et important dans lequel les discours sur la race, l’ethnicité et le genre sont (re)produits et transformés. Cette présentation sera destinée à (1) comprendre le processus de construction socio-économique et médiatique des stars-sportives, incluant leur propre mise en scène via Instagram (2) analyser les stars-sportives au travers des modèles performatifs d’une production culturelle quotidienne, puis 3) révéler ce que les stars-sportives expriment des processus de développement médiatique et sport-spectaculaire du soccer en Amérique du Nord.
De la numérisation de la société à la production d’une culture alimentaire biomédicalisée
Myriam DUROCHER, doctorante, Université de Montréal / Chercheure, ACT et CPCC
Cette communication vise à présenter ce que je théoriserai comme étant une culture alimentaire biomédicalisée. La biomédicalisation doit ici être entendue selon la définition de Clarke et al. (2000), qui rend compte d’un changement dans la distribution du savoir biomédical, engendrée par l’hyper pénétration des technologies à travers le champ social. Je présenterai dans un premier temps ce qui est entendu comme culture alimentaire biomédicalisée et le contexte dans lequel elle s’ancre, pour ensuite exemplifier certains de ses déploiements. Je terminerai sur des pistes de questionnement quant à ce que cette culture biomédicalisée engendre en termes de (re)définition de la « saine alimentation » et la manière dont celle-ci se trouve liée aux corps.
Les retraité·e·s français·e·s face à la numérisation des services : autonomie et culture numérique
Lucie DELIAS, Doctorante, Université Paris Sorbonne Nouvelle / Chercheure, IRMECCEN
Depuis le milieu des années 2000, le taux d'équipement informatique et de connexion à l'internet des retraités français ne cesse de croître, contribuant à combler la situation de « fracture numérique » que l'on associe traditionnellement à cette catégorie d'usagers. Cependant, cette amélioration des chiffres signifie-t-elle que l'on assiste à une véritable acculturation numérique des aînés ? En étudiant les usages et attitudes des retraités face à la numérisation des services administratifs et de loisir à partir d'entretiens et d'observations, cette communication propose de soumettre l'idée de « culture numérique » à l'épreuve de notre terrain, nous poussant à explorer la notion d'autonomie des aînés face aux TIC.
Avis de consommateurs en ligne : enjeux et mutations consuméristes. Vers une culture gastronomique numérique ?
Caroline MARTI, Professeure des Universités, Université Paris Sorbonne / Chercheure, GRIPIC
Cette contribution vise à éclairer les enjeux communicationnels de la collecte d’avis de consommateurs pour interroger l’avènement d’une « culture numérique » et ses limites. L’analyse des dispositifs d’évaluation et de médiatisation des discours consuméristes permet de souligner les métamorphoses des représentations de la culture gastronomique et de la sortie au restaurant. Le terrain choisi est celui des dispositifs d’évaluation et de médiatisation spécialisés tels que La fourchette et Tripadvisor particulièrement dédiés à la restauration. Le regard porte spécifiquement sur la tension entre le caractère marginal de l’expérience individuelle du service vécue et relatée et la valeur de l’élaboration collective d’une opinion. Epiphanie et objectivation des offres par la catégorisation des avis des consommateurs-travailleurs sont au cœur du propos.

Regards croisés sur les transformations numériques du service public

SH-R810 | Animation : Edgard REBOUÇAS, professeur, Universidade federal do Espírito Santo, Vitoria / Chercheur, CNPq
Intervenant·e·s : Oumar KANE, Aimé-Jules BIZIMANA et Anne BELLON
La notion de service public médiatique à l’ère du numérique : redéfinition et enjeux
Oumar KANE, Professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
L’innovation technologique, l’expansion des réseaux numériques, la prolifération des services et de l’offre, les usages innovants, la migration des publics et celle des revenus sont des facteurs qui ressortent fréquemment dans la littérature scientifique faisant état d’une « crise » du service public médiatique. Dans le cadre de cette contribution, nous commencerons par proposer une définition et un historique du service public médiatique. Nous clarifierons certains des enjeux théoriques et pratiques d’une redéfinition de la notion. Nous montrerons la diversité des plaidoyers en faveur du service public médiatique à l’ère du numérique et terminerons notre présentation par l’évocation de quelques facteurs susceptibles de favoriser une légitimation de la mission de service public à l’ère de l’internet.
CBC/Radio-Canada et la stratégie numérique : indicateurs et défis
Aimé-Jules BIZIMANA, Professeur, UQO / Chercheur, CRICIS
Comme tous les grands médias du monde entier, CBC/Radio-Canada a amorcé une transformation interne en vue de porter le radiodiffuseur public canadien dans l’ère du numérique. Cette transformation est de plusieurs ordres : d’ordre technologique et financier avec des investissements dans les infrastructures techniques et les nouvelles plateformes numériques ; d’ordre organisationnel avec la transition des structures de gestion et de direction ainsi que des pratiques journalistiques vers un nouvel environnement offrant une plus grande place au numérique et enfin, d’ordre symbolique avec la production de nouveaux contenus pour alimenter les nouvelles plateformes qui ont des spécifications propres et pour satisfaire de nouvelles attentes du public dans un nouvel écosystème médiatique. Cette communication aborde l’évolution de ces paramètres chez le radiodiffuseur public.
Politiques numériques ou numérisations des politiques publiques ? Le cas du ministère de la culture en France
Anne BELLON, Doctorante, CESSP Université Paris 1 — Panthéon Sorbonne
Cette communication interroge la cohérence des « politiques numériques » comme catégorie d’intervention à part face à la prise en compte des outils numériques dans les différents ministères sectoriels. Le cas de la culture, et notamment des politiques de protection des œuvres sur internet, fournit un exemple particulièrement intéressant pour saisir les luttes qui opposent les promoteurs d’une vision cohérente de l’intervention numérique aux partisans d’une instrumentalisation des nouvelles technologies de contrôle au service d’objectifs culturels inchangés. A partir d’une observation des travaux en cabinet et d’entretiens avec les agents du ministères, on montre ainsi les appropriations concurrentielles du « numérique » dans le secteur culturel public.
COMMUNICATION DÉPLACÉE À LA SÉANCE 8 // Dans une société numérisée, la classe moyenne veut-elle le bien commun ? L'opinion publique soutient-elle le service public ?
Gaëtan TREMBLAY, Professeur associé, UQAM / Chercheur, CRICIS
La numérisation de la société se manifeste, entre autres, par l’émergence de nouvelles entreprises qui se présentent comme des innovations dont le développement nécessite la remise en question radicale des valeurs, des règles et des habitudes passées. Il suffit de penser à Uber, champion auto-proclamé de l’économie du partage, qui prétend redéfinir les règles de l’économie libérale; ou à Netflix, nouveau patron de la production et de la consommation médiatiques, qui se situe au-dessus ou en dehors des systèmes de réglementation nationale. Dans cette communication, je ne m’attarderai pas à la remise en cause des bases de l’économie libérale par la nouvelle économie numérique. Je me centrerai plutôt sur le questionnement des valeurs et principes fondamentaux qui régissent le fonctionnement des systèmes démocratiques, tout particulièrement l’appréhension de la stratification sociale, l’expression de la volonté populaire, le service public et le bien commun. 

Coïndence ou non, la référence à la classe moyenne est de plus en plus fréquente dans le discours de nombreux leaders politiques à l’ère numérique ? La classe moyenne est-elle devenue l’acteur dominant de nos démocraties ? Que recouvre en fait cette notion, héritière de celle de majorité silencieuse ? Entretient-elle un lien organique avec la numérisation ? La classe moyenne est-elle la nouvelle incarnation du sujet historique porteur du projet collectif ? Ses intérêts se confondent-ils avec le bien commun ? Les réseaux sociaux jouent désormais un rôle majeur incontestable dans les joutes électorales et les débats politiques. Dans certaines franges de la population, ils ont carrément détroné les grands journaux et les chaînes de télévision. On peut cependant légitimement se demander s’il en résulte un enrichissement ou une dégradation du débat public. Qu’est devenue l’opinion publique dans les sociétés numérisées ? Soutient-elle le service public ou la satisfaction d’intérêts particuliers ? Que deviennent le service public et le bien commun à l’ère numérique ?

Toutes ces questions réclament une clarification des notions de classe moyenne, majorité silencieuse, bien commun, opinion publique, espace public et service public; de leur signification et de leur rôle dans une société numérisée. Ce sera l’objectif principal de cette communication. 

Numérisation et diffusion de la culture et des savoirs

SH-3220 | Animation : Animation : Marc MÉNARD, professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
Intervenant·e·s : Simon CLAUS, Lisiane LOMAZZI et Édith LAVIEC
Mutations des Industries de la culture et de la communication : les acteurs de la diffusion contre les acteurs de la culture ?
Simon CLAUS, Doctorant, UQAM / Chercheur, CRICIS
Les industries de la culture de la communication (ICC) renvoient à un ensemble complexe d’acteurs en relation qui participent aux processus de création, production, diffusion/distribution de la culture. Au sein de celles-ci, le droit d’auteur joue un rôle fondamental puisqu’il conditionne les modalités de marchandisation de la culture et structure les relations entre les différents acteurs des ICC. Le développement du numérique qui a profondément modifié les modes de production, financement et circulation de la culture, notamment avec l’arrivée de nouveaux intermédiaires, a obligé les législateurs à revoir leur législation en matière de droit d’auteur. Dans ce cadre, en 2012, le Canada a adopté la Loi de Modernisation du Droit d’Auteur (LMDA) que certains acteurs de la culture ont dénoncé comme tournée vers l’accès au mépris du financement de la culture. Dans la présente communication, il s’agit de revenir sur la LMDA en nous arrêtant sur les tensions entre acteurs de la culture et diffuseurs/distributeurs. 
L’économie politique des communs numériques en contexte néolibéral
Lisiane LOMAZZI, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS (GRISQ)
Le « retour des communs » favorisé à partir des années 1980 par le contexte néolibéral de dépossession des ressources naturelles connaît, depuis quelques années, un second souffle avec la revendication des communs informationnels en réaction au processus de privatisation et de marchandisation de l’information dans l’environnement numérique. Loin d’être unifiée, la théorie des/du commun(s) présente notamment deux problématisations distinctes de l’objet d’étude soit une socioéconomie des communs d’inspiration ostromienne (Ostrom et al., Coriat et al.) et une sociopolitique du commun initiée par Dardot et Laval. Si la seconde pose le commun comme alternative à la rationalité néolibérale et au processus de marchandisation, la première peut ou non s’articuler à une critique de la marchandisation. À travers cette communication, nous montrerons comment cette articulation contingente peut faire l’objet d’une mise en tension par l’État néolibéral en vue d’opérer une récupération de la critique des communs informationnels.
Editeurs d’ouvrages scientifiques et « nouveaux entrants » :
enjeux et conditions de coexistence dans un contexte de numérisation de l’édition
Édith LAVIEC, Doctorante, Université Grenoble Alpes / Chercheure, GRESEC
Avec le développement de nouvelles formes d’ouvrages dites « numériques », de « nouveaux entrants » tentent d’investir divers domaines de l’édition, dont celui de l’édition scientifique. En parallèle, les acteurs « traditionnels » se saisissent aussi des questions liées à l’édition « numérique ». Comment s’opère la rencontre entre ces acteurs, provenant de secteurs distincts et ayant des logiques assez différentes ? Quelles évolutions cela peut-il entraîner pour le secteur de l’édition scientifique, son fonctionnement et ses frontières ?
8 / Séance plénière
14 h – 16 h

Numérique et informations au cœur des questions démocratiques

SH-3420 | Animation : France AUBIN, professeure, UQTR / Chercheure, CRICIS (PERICOM)
Intervenant·e·s : Nathalie PIGNARD-CHEYNEL, Fabio PEREIRA, Fabien GRANJON et Gaëtan Tremblay
Les médias en prise avec les réseaux socionumériques : du journalisme au marketing
Nathalie PIGNARD-CHEYNEL, Professeure, Université de Neuchâtel / Chercheure, Académie du journalisme et des médias
En France, quasiment tous les médias sont aujourd’hui présents sur les réseaux socio-numériques, au premier rang desquels Facebook devenu principal pourvoyeur d’audience pour leurs sites. Cette prédominance de Facebook a conduit nombre de médias à faire évoluer leur organisation interne, notamment par la création de compétences, voire d’équipes spécifiquement dédiées. Les journalistes voient également leurs pratiques évoluer avec des injonctions à « pousser » leurs contenus sur cette plateforme, voire à les adapter pour qu’ils soient en phase avec les « exigences » de l’algorithme qui régit Facebook. Dans cette communication, nous entendons proposer une analyse des changements à l’œuvre au sein des médias, sur la base d’une enquête menée auprès d’une dizaine de médias français. La principale hypothèse sous-tendant ce travail est celle d’un glissement progressif des prérogatives des journalistes vers des considérations et des exigences de marketing. Cela se vérifie notamment dans le profil des personnes recrutées au sein des médias pour gérer les pages Facebook des médias, mais également dans le discours des rédacteurs en chef et des responsables d’édition qui pensent de plus en plus leur offre éditoriale en terme de marketing. Cette tension pourra être étudiée par un double prisme : celui de la plasticité croissante de la profession de journaliste et celui des contraintes de plus en plus fortes que font penser sur les médias les géants du numérique, devenus des acteurs incontournables de l’écosystème informationnel en cours de constitution.
Devenir un journaliste en ligne : comment l’idéologie du numérique participe-t-elle aux choix de carrière et à l’attachement à la profession?
Fabio PEREIRA, Professeur, Universidade de Brasilia / Chercheur, CNPq
Cette communication s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche comparative portant sur l'analyse des carrières des journalistes en ligne en Amérique du Sud, en Amérique du Nord et en Europe. Elle présente les premiers résultats des entretiens en profondeur réalisés auprès de journalistes au Québec et en France. Plus spécifiquement, est exploitée la circulation du discours idéologique sur le numérique dans leurs récits pour répondre à trois questions de recherche : 1. Comment ces discours participent de leurs projets de carrière, comment ils ont orienté leur choix ? ; 2. Comment ces discours ont évolué au cours du temps, quelles sont les différences dans la façon dont les journalistes des différentes générations expriment leur rapport avec le numérique ? ; 3. Dans le cadre d'une comparaison transnationale, quelles sont les similitudes et différences entre les discours idéologiques des journalistes en ligne québécois et français ?
Démocratie protestataire et technologies médiatiques
Fabien GRANJON, Professeur des Universités, Université Paris 8 / Chercheur, CEMTI
La conflictualité sociale s’appuie sur des « armes matérielles » au nombre desquelles les technologies d’information et de communication (TIC) ont très souvent joué un rôle central. Les big media écrits et audiovisuels (presse, radio et télévision), tout comme les small media nettement plus mobilisables (« ronéo », cassettes audio, vidéo, etc.) font partie des technologies des mouvements sociaux. L’action collective protestataire s’actualise en effet dans des formes d’agir pour le moins variées dont certaines sont assurément en lien avec ces médiations médiatiques et technologiques qui organisent matériellement la diffusion, la mise en visibilité/publicité et la discussion de productions symboliques (informations, savoirs, idéologies) prenant part à la conflictualité sociale. Nous souhaiterions, dans le cadre de cette intervention, faire le point sur les derniers développements de cette rencontre, entre acteurs de la démocratie protestataire et technologies numériques.
Dans une société numérisée, la classe moyenne veut-elle le bien commun ? L'opinion publique soutient-elle le service public ?
Gaëtan TREMBLAY, Professeur associé, UQAM / Chercheur, CRICIS
La numérisation de la société se manifeste, entre autres, par l’émergence de nouvelles entreprises qui se présentent comme des innovations dont le développement nécessite la remise en question radicale des valeurs, des règles et des habitudes passées. Il suffit de penser à Uber, champion auto-proclamé de l’économie du partage, qui prétend redéfinir les règles de l’économie libérale; ou à Netflix, nouveau patron de la production et de la consommation médiatiques, qui se situe au-dessus ou en dehors des systèmes de réglementation nationale. Dans cette communication, je ne m’attarderai pas à la remise en cause des bases de l’économie libérale par la nouvelle économie numérique. Je me centrerai plutôt sur le questionnement des valeurs et principes fondamentaux qui régissent le fonctionnement des systèmes démocratiques, tout particulièrement l’appréhension de la stratification sociale, l’expression de la volonté populaire, le service public et le bien commun. 

Coïndence ou non, la référence à la classe moyenne est de plus en plus fréquente dans le discours de nombreux leaders politiques à l’ère numérique ? La classe moyenne est-elle devenue l’acteur dominant de nos démocraties ? Que recouvre en fait cette notion, héritière de celle de majorité silencieuse ? Entretient-elle un lien organique avec la numérisation ? La classe moyenne est-elle la nouvelle incarnation du sujet historique porteur du projet collectif ? Ses intérêts se confondent-ils avec le bien commun ? Les réseaux sociaux jouent désormais un rôle majeur incontestable dans les joutes électorales et les débats politiques. Dans certaines franges de la population, ils ont carrément détroné les grands journaux et les chaînes de télévision. On peut cependant légitimement se demander s’il en résulte un enrichissement ou une dégradation du débat public. Qu’est devenue l’opinion publique dans les sociétés numérisées ? Soutient-elle le service public ou la satisfaction d’intérêts particuliers ? Que deviennent le service public et le bien commun à l’ère numérique ?

Toutes ces questions réclament une clarification des notions de classe moyenne, majorité silencieuse, bien commun, opinion publique, espace public et service public; de leur signification et de leur rôle dans une société numérisée. Ce sera l’objectif principal de cette communication. 
9 / Séances en parallèle
16 h 15 – 17 h 45

La communication politique sous le signe du numérique : des stratégies aux perspectives théoriques 

SH-2420 | Animation : Olivier VOIROL, Professeur, Université de Lausanne / Chercheur, Institut für Sozialforschung, Goethe-Universität Frankfurt
Intervenant·e·s : Ben Bader MANSOUR, Honda BACHISSE et Powen-Alexandre MORIN
Les stratégies numériques des formations politiques dans une démocratie émergente : le cas de la Tunisie
Ben Bader MANSOUR, Doctorant, Université Laval / Chercheur, CIRAM
Les TIC en général et les médias sociaux en particulier ont joué un rôle considérable dans les luttes pour la démocratie et ont contribué à la réalisation d’une grande partie des objectifs de la révolution tunisienne de 2011. Bien que quatre élections libres et transparentes aient été réalisées durant ces sept dernières années, nous en savons encore très peu aujourd’hui sur l’usage du numérique par les formations politiques et l’importance qui lui est accordé dans la vie politique. Pour ce faire, nous avons choisi d’examiner de près la manière dont les politiciens et leurs partis vont s’approprier à leur tour la communication sur Internet en prévision des premières élections municipales à l’ère démocratique dont la date a été fixée au 6 mai 2018.
Perspectives théoriques associées à l’étude de la communication politique à l’ère des réseaux socionumériques
Houda BACHISSE, Doctorante, UQAM / Chercheure, GERACII
Dans cette communication, nous présenterons une réflexion sur le cadre théorique qui balise notre recherche portant sur la communication politique sur les réseaux socionumériques. Ce cadre se situera au confluent de plusieurs courants de recherche issus des sciences de la communication, des métissages avec les « Cultural Studies » et des recherches sur les théories de l’espace public. Nous justifierons le choix de ce cadre théorique en expliquant en quoi appréhender ce phénomène communicationnel dans ses dimensions à la fois « macro-méso et microsociales » ne pourra se faire qu’à travers une approche communicationnelle globalisante. Cette approche nous permettra de réfléchir sur le « pourquoi » et « comment » des phénomènes communicationnels dans la société avec une vision articulant plusieurs modalités impliquant le social, le politique, la technique, les pratiques et les discours.
La crise de la représentation, un faux problème ?
Powen-Alexandre MORIN, Étudiant à la maîtrise, UQAM
Dans le cadre de cette communication, nous exposerons une partie de l’apport théorique de Latour. Celle-ci nous amène à repenser les attentes que nous avons envers le politique. Ainsi, nous nous intéressons directement à la circulation de l’information et des rapports entre communication et politique. Nous nous questionnons notamment aux pratiques de travail de la classe politique. Par exemple, à l’ère du numérique et des changements technologiques, est-ce que nous devons avoir des exigences de véracité (ex: fake news) et de transparence envers nos politiciens? Partant de notre projet de mémoire, nous exposerons des pistes de réflexion afin de mieux comprendre cette «crise de la représentation», et ce, à partir des résultats préliminaires d’une recherche d’inspiration ethnographique. Plus précisément, nous présenterons des observations qui auront été effectuées au sein d’un parti politique. 

Circulation de l’information et numérique, quelle place pour le local ?

SH-R810 | Animation : Nathalie PIGNARD-CHEYNEL, Professseure, Université de Neuchâtel / Chercheure, Académie du journalisme et des médias
Intervenant·e·s : Raymond CORRIVEAU, France AUBIN, Martin TÊTU et Anne-Marie BRUNELLE
Les médias sociaux et l’accès à l’espace public
Raymond CORRIVEAU, Professseur associé, UQTR / Chercheur, CRICIS (PERICOM)
France AUBIN, Professeure, UQTR / Chercheure, CRICIS (PERICOM) 
L’exposition d’une idée dans l’espace public fut d’abord indirectement abordée par la notion de gatekeepers à la fin des années 1940 (McQuail, 2011). Habermas (1962) conceptualisera cet espace de diffusion et ses enjeux. Une pléthore de travaux suivra, dont ceux de Fraser (1993) qui étayent la restriction des discours admissibles à l’espace public, signalant l’exclusion de minorités de tous horizons. L’arrivée récente des médias sociaux suscite de nombreux espoirs. Cardon (2010) et Bernier (2016) évoquent respectivement la démocratisation de l’espace public et l’influence d’un éventuel cinquième pouvoir citoyen sur le comportement médiatique traditionnel. Pour nous en faire une idée, nous avons analysé la diffusion d’un texte publié dans les médias sociaux en ayant comme référence les médias traditionnels. Sans nier que les médias sociaux peuvent avoir un impact, il est loin d’être acquis que c’est le moyen idéal pour exposer une nouvelle idée à la société civile. Les conditions de réalisation s’avèrent très contraignantes.
« Circulation locale seulement » : transmission des produits culturels locaux dans les médias sociaux
Martin TÊTU, Doctorant, UQAM / Chercheur, CRICIS
La circulation des produits culturels à l’échelle mondiale, décrite par Henry Jenkins (2006) pour l’action des fans en ligne, peut laisser croire que la dynamique de circulation au plan local est dorénavant obsolète. Or, il existe en parallèle à une circulation globale des produits culturels en ligne, une circulation qui est surtout locale et nationale. Cette circulation locale, réalisée un peu partout sur la planète à travers de multiples canaux numériques du Web et du Web 2.0, forme une masse importante de contenus culturels en transit sur Internet. S’inscrivant dans la récente réflexion d’une « convergence et déconvergence » des médias (Sparviero et al., 2017), cette circulation locale sera présentée au colloque à travers l’exemple du film québécois dans le Web 2.0, objet de notre thèse de doctorat.
Les limites du virage numérique pour les médias locaux : l’apport des travaux sur les communs
Anne-Marie BRUNELLE, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS
Dotés d’un mandat d’intérêt public et d’animation de la démocratie bien documenté dans la littérature scientifique (Sénécal, 1995; McChesney, 2008 ; Noyer et Raoul, 2011 ; Napoli et al, 2016) tout comme que dans les rapports et les mémoires soumis aux gouvernements (GTJAIQ, 2011 ; FNC, 2016 ; Forum des politiques publiques, 2017), les médias locaux font face à un modèle d’affaires en crise et appellent à un soutien étatique pour appuyer leur « virage numérique », présenté comme une condition sine qua non de leur survie. À l’aide de travaux récents sur les communs, nous nous demanderons s’il s’agit d’un enjeu technologique, de plateforme et d’accès à l’environnement numérique, ou si – au-delà de ces technicités – la question peut être posée de manière plus radicale pour aborder la relation entre les médias d’information, les citoyennes et citoyens et les collectivités.

Problèmes et enjeux du numérique dans les industries de la musique

SH-3220 | Animation : Christophe MAGIS, Maître de conférences, Université de Paris 8 / Chercheur, CEMTI
Intervenant·e·s : Siavash ROKNI, Martin LUSSIER, Anouk BÉLANGER, Sylvain MARTET et Romuald JAMET
L’internet et la politique culturelle de l’industrie de la musique en Iran
Siavash ROKNI, Doctorant, UQAM / Chercheur, CRICIS
Depuis la révolution iranienne de 1979, l’industrie de musique nationale a eu une existence tumultueuse (Namjoo, 2015; Siamdoust, 2017; Nooshin, 2005, 2008). À travers le ministère de la culture et la discipline Islamique (ERSHAD), le régime a pris le contrôle absolu sur la distribution de la musique dans le pays jusqu’à l’introduction d’Internet en 1998 qui a permis aux musiciens iraniens de distribuer leur propre musique à une audience internationale (Maghazei, 2014). En utilisant l’exemple de Beeptunes.com (lancé en 2012), le plus grand site web de distribution de musique sanctionné par ERSHAD en ligne, cette présentation vise à porter un regard historico-critique sur l’impact d’internet sur la politique culturelle du pays face à la politique de privatisation de 2010 à 2015 (Harris, 2013) et l’augmentation de l’industrie de e-commerce dans le pays (Fischbach, 2016).
Nouveaux acteurs et transformation des métiers de la culture : musique populaire et audiovisuel
Martin LUSSIER, Professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
Anouk BÉLANGER, Professeure, UQAM / Chercheure, CRICIS
Sylvain MARTET, Doctorant, UQAM / Chercheur, CRICIS
Depuis près de 30 ans, les divers secteurs de la culture sont confrontés à une recomposition radicale des processus de création, de production, de distribution et de réception des œuvres et des produits culturels. Cette recomposition découle d’une multitude de facteurs qui dessinent un contexte en mutation : les frontières territoriales se sont ouvertes; de nouvelles formes artistiques se développent hors des cadres connus, à la croisée des chemins; les politiques publiques intègrent culture et créativité dans le développement des territoires; et les habitudes de consommation changent, tout comme les règles qui régissent les industries culturelles. Ces changements sont liés à des développements technologiques, mais également économiques et politiques. Ils entraînent l’apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux métiers et ont des répercussions durablement sur les conditions de pratiques des travailleurs culturels. Cette contribution vise à présenter les premières pistes émergeant d’une recherche menée récemment prenant ces derniers comme sources de construction du sens, et cherchant à documenter, au Québec, l’évolution de ce contexte du point de vue des artistes, des créateurs et des travailleurs de la culture. Plus particulièrement, elle propose un regard préliminaire aux conceptions qui circulent parmi les travailleurs des milieux de la musique et de l’audiovisuel ayant les mutations actuelles comme objet.
Résistance éthique aux technologies numériques : le cas des scènes musicales contre-culturelles parisiennes et berlinoises
Romuald JAMET, Post-doctorat, INRS Montréal / Chercheur, Chaire Fernand Dumont sur la Culture, NENIC LAb
Alors que le concept de musique populaire a très souvent été associé aux progrès technologiques en ayant favorisé le développement et la diffusion, une partie des scènes alternatives issues des musiques populaires (notamment la scène punk-rock) rechignent à utiliser une partie de ces technologies. Pourtant, toutes les technologies ne semblent être refusées pour les mêmes raisons. En effet, différents registres de justifications sert à justifier des (non)-usages des technologies censées aider les musiciens dans le développement de leurs musiques et de leurs scènes. Il s’agira dans cette présentation, à partir d’une enquête ethnographique menée durant mes recherches doctorales, de montrer comment les musiciens justifient politiquement, éthiquement et esthétiquement la résistance à l’introduction de quelques technologies numériques (réseaux sociaux, outils numériques d’enregistrement, etc.).
10 / Table ronde
18 h – 19 h 15

Numérisation généralisée de la société : quels processus à l’oeuvre?

SH-3420 | Animation : Anouk BÉLANGER, Professeure, UQAM / Chercheure, CRICIS
Intervenant·e·s : Dominique JUTRAS, Gabrielle BRASSARD-LECOURS et Luc LEFEBVRE
Table ronde
Dominique JUTRAS,
Directeur de l’Observatoire de la culture et de la communication du Québec

Gabrielle BRASSARD-LECOURS,
Co-fondatrice et rédactrice en chef de Ricochet

Luc LEFEBVRE,
Co-fondateur et ex-président du Conseil d’administration de Crypto.Québec

Cette séance vise à aborder le phénomène de la généralisation du numérique dans la société en croisant différents regards portés par des acteurs provenant de divers milieux de pratique qui réfléchissent sur les processus à l’œuvre dans les transformations de la culture et de la communication, du contrôle social et de la surveillance, de l’information et de ses enjeux démocratiques, ou encore de l’enseignement et de la recherche.