Mercredi 2 mai
8 h 30 : Accueil
Mot de bienvenue
8 h 45
8 h 45
SH-3420
Gaby HSAB, doyen de la Faculté de communication, UQAM
Éric GEORGE, Lena HÜBNER, Oumar KANE et Michel SÉNÉCAL, CRICIS
Éric GEORGE, Lena HÜBNER, Oumar KANE et Michel SÉNÉCAL, CRICIS
1 / Séance plénière
9 h – 11 h
9 h – 11 h
Qu'en est-il du numérique dans les recherches en communication ?
SH-3420 | Animation : Gaëtan TREMBLAY, professeur associé, UQAM, cofondateur, CRICIS
Intervenant·e·s : Olivier VOIROL, Hélène BOURDELOIE, Angel BADILLO et Giovandro FERREIRA
Intervenant·e·s : Olivier VOIROL, Hélène BOURDELOIE, Angel BADILLO et Giovandro FERREIRA
Le nom et le nombre : une ontologie critique du numérique
Olivier VOIROL, Professeur, Université de Lausanne / Chercheur, Institut für Sozialforschung, Goethe-Universität Frankfurt
Ma communication entend, dans un premier temps, revenir au terme générique de « numérique » dans son sens fondamental en questionnant les rapports au monde et aux êtres auquel ce terme renvoie. Entre le nombre, au fondement du numérique, et le nom, revoyant au poétique et sensible, les liens sont autant étroits que distincts. Si tous deux renvoient au langage, les opérations du nombre relèvent d’un mode d’existence dont les propriétés se répercutent à différents étages relationnels (des interactions primaires aux rapports politiques et socio-économiques). Revenir au nombre et au nom permettra, dans un second temps, de requestionner les contours du processus de numérisation qui traverse les sociétés contemporaines, au bénéfice de toute une série d’outils de traçage, de profilage, de recommandation et de prédiction. Le rapport entre le numérique et l’opérationnalisation des êtres et du monde s’inscrit dans le cadre d’une phase du capitalisme de plus en plus tournée vers sur la modélisation numérique du devenir. Une ontologie critique du numérique a pour but d’en déceler les tensions et les contradictions et d’en saisir les voies différentes possibles pour réouvrir le devenir.
Numérique et sciences humaines et sociales: entre utilité sociale et critique
Hélène Bourdeloie, Maîtresse de conférences, Université de Paris 13 / Chercheure, LabSIC
Le numérique a changé notre rapport au monde, à la science, à la recherche, aux outils et méthodes de travail tout comme aux pratiques sociales, culturelles ou professionnelles… Croisement de l’informatique et des sciences humaines et sociales, les humanités numériques bouleversent les lignes de partage en leur fondement. Nous voudrions ici questionner les métamorphoses induites par le numérique en montrant comment il participe de changements en termes de rapport au temps, à l’espace, à l’identité et au corps. Nous montrerons que le numérique participe de la construction d’une nouvelle culture qui, encore que séduisante sur certains plans, conduit à des pratiques paradoxales et porteuses de valeurs qui, plutôt que de faire le lit de l’humanisme, soulèvent au contraire de nombreuses questions éthiques et critiques.
Numérisation, réseaux et la nouvelle géopolitique de la culture
Angel Badillo, Professeur, Real Instituto Elcano, Université de Salamanque / Chercheur, Real Instituto Elcano
À partir de la tradition académique de l'économie politique de la culture et la communication, cette contribution propose une révision des transformations de la géopolitique culturelle qui se sont produites depuis l'émergence et la (presque) universalisation des réseaux numériques. Plus précisément, cette présentation analysera les liens entre la reconfiguration des flux mondiaux de circulation de la culture et la communication et la véritable éruption d'une nouvelle sphère des relations internationales et la diplomatie, parfois appelée «soft power» (ou politique de « rayonnement et influence », dans le domaine francophone), qui est en train de produire des importantes mutations sur la présence culturelle des états-nations dans le monde.
La numérisation de la société : une lecture par le biais de la théorie de la médiatisation
Giovandro FERREIRA, Professeur, Universidade federal da Bahia / Chercheur CNPq
La numérisation générale de la société, ainsi que ses implications dans différentes secteurs et pratiques sociales, a depuis de quelques décennies, posé un défi aux chercheurs, à savoir construire une théorie de la médiatisation, qui soit également une théorie du social. Dans cette perspective, les médias (du point de vue de la sémiosis mediatisée) deviennent un élément clé pour penser les changements socio-culturels contemporains. Dans le cadre de cette présentation, trois aspects seront mis en relief par rapport aux processus de numérisation, en rapport avec la médiatisation de la société: (1) l´accélération du temps historique, (2) la rupture du temps et de l´espace et (3) la persistance du message dans le temps et son autonomie par rapport aux instances de production et de reconnaissance. La numérisation de la société actuelle est heritière de la société industrielle médiatique, qui a déjá connu un processus de mediatisation, tout en effaçant la frontière entre le “réel” de la société et sés re-présentations.
2 / Séances en parallèle
11 h 15 – 12 h 45
11 h 15 – 12 h 45
Big data et société : industrialisation des médiations symboliques politico-institutionnelles
SH-2420 | Animation : Maxime OUELLET, Professeur UQAM / Chercheur CRICIS (GRISQ)
Intervenant·e·s : André MONDOUX, Diane POITRAS, Myriam LAVOIE-MOORE, Joëlle GÉLINAS, Lisiane LOMAZZI et Fabien RICHERT
Intervenant·e·s : André MONDOUX, Diane POITRAS, Myriam LAVOIE-MOORE, Joëlle GÉLINAS, Lisiane LOMAZZI et Fabien RICHERT
Big Data, gouvernementalité et accélération sociale : de la discipline au contrôle
André MONDOUX, Professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS (GRISQ)
Marc MÉNARD, Professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
Marc MÉNARD, Professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
Cette proposition s’inscrit dans la foulée des travaux de Rosa sur l’accélération sociale (Rosa 2012), c’est-à-dire le déploiement de technologies induisant des changements sociétaux, notamment sur le plan de la (re)production sociale. Nous posons que la notion d’accélération sociale joue un rôle majeur au sein du Big Data, plus spécifiquement du Big Data en tant que dynamique d’industrialisation des médiations politico-institutionnelles. Pour ce faire, nous mettrons à profit les travaux de Freitag (1986). Sous cet angle, une des principales caractéristiques de la société est son mode de reproduction formel qui exige une synthèse totalisante (représentation) du social. Jadis de nature transcendantale (mode de reproduction fondé sur la médiation symbolique politico-institutionnelle), cette synthèse tend désormais à s’inscrire dans un mode de reproduction « décisionnel-opérationnel » où la société cesse d’être « à-être » pour littéralement advenir – achevée - au temps présent de l’efficience des systèmes techniques. Le Big Data marque l’intensification de cette tendance par le déploiement d’outils industriels qui automatisent les processus de médiations symboliques politico-institutionnelles et contribuent à leur intégration dans les circuits marchands en tant qu’activité productrice en soi (Ménard, Mondoux et al., 2016). Cette dynamique du temps dit « réel » est en soi porteuse de l’exigence d’une accélération perpétuelle et est en effet problématique puisque les médiations symboliques politico-institutionnelles ne relèvent plus du politique (Mouffe 2005), mais sont plutôt subsumées au sein de dispositifs techniques engendrant des processus normatifs en apparence apolitiques et non-idéologiques.
L’intimité à l’ère du Big Data
Diane POITRAS, Professeure, UQAM / Chercheure CRICIS (GRISQ)
Ce travail s’inscrit dans le prolongement d’une recherche création ayant donné lieu à un essai documentaire, Nuits (2014), portant sur l’érosion de cette portion de la journée qui permet d’échapper au regard des autres. Le temps nocturne est un repli et aussi un ralentissement, nécessaires à la réflexivité : l’élaboration d’une pensée critique demande du temps, un retrait provisoire de l’agitation sociale. Le concept d’intimité développé par Foessel, l’importance que Crary perçoit dans la notion d’alternance allant jusqu’à faire du sommeil « an uncompromising interruption of the theft of time from us by capitalism. » (202) sont venus aider à problématiser cette intuition. C’est donc à partir du terrain qui est le mien, soit la création cinématographique, que j’ai voulu interroger ce cinéma, dit du réel, pour aborder l’intimité sans inciter au voyeurisme, ou à l’exhibitionnisme, je proposerai d’abord de distinguer les sphères du privé (soit le domaine économique des échanges), et de l’intime, où peuvent s’expérimenter des idées qui se répercuteront dans la vie publique (Foessel, 2007).
L’imaginaire économique des big data : acteurs, discours et stratégies
Myriam LAVOIE-MOORE, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS (GRISQ)
Joëlle GÉLINAS, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS (GRISQ)
Lisiane LOMAZZI, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS (GRISQ)
Joëlle GÉLINAS, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS (GRISQ)
Lisiane LOMAZZI, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS (GRISQ)
Depuis la crise économique qui a ébranlé les marchés en 2008, les élites politiques et économiques semblent désespérément à la recherche de nouveaux secteurs de valorisation afin de relancer la croissance dans une période qualifiée par certains de stagnation séculaire. La 4e révolution industrielle – alimentée par les big data, l’internet des objets et l’intelligence artificielle – est présentée comme une réponse à cette « crise de la croissance ». Dans cette communication, nous soutiendrons que cette mobilisation des données comme moteur de la croissance participe d’un imaginaire économique visant à pallier les contradictions auxquelles les sociétés capitalistes avancées sont confrontées. Il s’agira d’analyser à partir d’une perspective d’économie politique culturelle quels sont les principaux acteurs à l’échelle internationale qui alimentent le discours portant sur l’économie des données, les stratégies nationales et municipales d’intégration à celle-ci, de même que les contradictions liées à ce régime d’accumulation.
Le Big Data comme dispositif de décodage généralisé du champ social
Fabien RICHERT, Doctorant, UQAM / Chercheur, CRICIS (GRISQ)
Dans cette présentation, nous proposerons une analyse critique des Big Data en nous appuyant sur la relecture marxienne de la critique de l’économie politique par Deleuze et Guattari. Les Big Data seront alors considérées dans le cadre d’un mouvement d’accumulation d’un capital « informationnel » qui se réalise sur fond d’un décodage généralisé des flux sociaux. Chez Deleuze et Guattari, le concept de décodage fait signe vers les analyses marxiennes de l’accumulation primitive, lesquelles montrent que l’émergence du capitalisme industriel avait nécessité la dissolution d’une série de codages extra-économiques (expropriation des terres communales, démantèlement de l’organisation corporative des métiers, etc.). Nous montrerons que les Big Data s’inscrivent dans une logique de décodage capitalistique des flux de toute nature, aussi bien sociaux que psychiques. Nous avancerons, en fin de présentation, la possibilité d’une théorie du sémiocapitalisme capable d’éclairer les modalités particulières de décodage des flux induit par les Big Data et de repérer les tentatives (militantes, artistiques, politiques, etc.) qui cherchent à échapper et subvertir les logiques capitalistiques.
Culture et pratiques numériques des jeunes, les logiques à l'œuvre
SH-R810 | Animation : Caroline CARON, Professeure, UQO / Chercheure, CRICIS
Intervenant·e·s : Alma BETBOUT, Sophie JEHEL, Serge PROULX, et Wail M'TAOUI
Intervenant·e·s : Alma BETBOUT, Sophie JEHEL, Serge PROULX, et Wail M'TAOUI
Culture juvénile à l’ère de la numérisation de la société : quels usages et quelles pratiques ?
Alma BETBOUT, Attachée temporaire d’enseignement et de recherche, Université Clermont Auvergne
Notre étude s’inscrit dans les recherches en sciences de l’information et de la communication. Elle aborde les usages des réseaux sociaux numériques en Méditerranée, entre autres, la Tunisie et contribue à comprendre les dynamiques sociales, culturelles et identitaires de notre public à l’ère de la numérisation généralisée de la société.
En privilégiant une approche de la sociologie des usages, nous avons dressé un panorama des usages sociaux des outils du web social et étudié la construction de la figure des usagers des technologies de l’information et de la communication.
Notre problématique aborde les nouvelles pratiques numériques juvéniles en Méditerranée. En conséquence: Quels sont les enjeux communicationnels et les particularités des jeunes sur les réseaux sociaux numériques ?
Les logiques du digital labor des plateformes numériques et leur répercussion sur l’information des adolescents
Sophie JEHEL, Maîtresse de conférences, Université Paris 8 / Chercheure, CEMTI
Serge PROULX, Professeur émérite, UQAM / Chercheur, LabCMO
Serge PROULX, Professeur émérite, UQAM / Chercheur, LabCMO
Nous nous appuierons sur une recherche qualitative interdisciplinaire, à dominante sociologique et réalisée grâce à la participation de psychologues cliniciens. Enquête menée auprès de 200 adolescents en France (2015-2017) dans des contextes sociaux et scolaires diversifiés, portant sur les stratégies qu’ils développent face aux images violentes, sexuelles et haineuses (VSH) rencontrées sur internet (Jehel, 2017 ; Proulx 2017b). Nous montrerons comment le fonctionnement algorithmique des plateformes numériques favorise la circulation des images VSH et se répercute sur leur rapport à l’information. Notre approche théorique consiste à articuler trois types de logiques : logique de production d’une valeur économique alimentée par l’injonction à participer au digital labor (Proulx 2017a) ; logique d’un capitalisme des affects qui engendre marchandisation et rationalisation des émotions (Ilouz 2006) ; logique de surveillance commerciale propre aux GAFAM (George 2011, Nitot 2016) en résonance avec une « culture de la surveillance interpersonnelle » qui s’installe parmi les adolescents.
L’effet de la médiatisation sur la participation politique des jeunes en ligne : le cas des leaders d’opinion sur Facebook au Maroc
Wail M’TAOUI, Doctorant, Université Laval / Chercheur, CIRST
Notre proposition s’inscrit dans une perspective du prolongement contemporain de toutes ces études sur l’impact de la décision et la participation politique par l’usage et l’appropriation des médias numériques par des acteurs sociaux (citoyens, décideurs, médias, lobbys) dans la sphère publique. Ce projet s’intéresse aux effets de la production et à la circulation de l’information à l’ère de la seconde génération du Web sur l’engagement et la participation politiques des jeunes. Nous nous interrogeons, plus particulièrement, sur l’effet que pourrait avoir la dynamique communicationnelle (en ligne) des leaders d’opinion sur la participation politique des jeunes pendant la compagne pour les élections législatives du 7 octobre 2016 au Maroc.
Journalisme et numérique : perspectives internationales
SH-3220 | Animation : Pascal RICAUD, Maître de conférences, Université de Tours / Chercheur, PRIM et CRICIS
Intervenant·e·s : Elodie LAURET, Valérie CROISSANT et Annelise TOUBOUL
Intervenant·e·s : Elodie LAURET, Valérie CROISSANT et Annelise TOUBOUL
Configurations du journalisme à La Réunion. Une approche en trois dimensions : technique, économique et politique
Elodie LAURET, Doctorante, Université de la Réunion / Chercheure, LCF-EA 7390
Cette communication propose d’interroger les configurations du journalisme à La Réunion, et son espace médiatique, à travers une approche en trois dimensions : technique, économique et politique. Ces dernières sont étroitement liées et exercent une influence sur l’activité journalistique et sur les contours du journalisme local. Une historicisation et une observation des entreprises médiatiques et de ses acteurs permettent de mettre en perspective des transformations et des permanences, et ainsi de comprendre ce qui change ou non autour du numérique.
Les nouveaux formats de l’information : quel discours d’actualité sur / par les réseaux socionumériques ?
Valérie CROISSANT, Maîtresse de conférence, Université de Lyon 2 / Chercheure ELICO
Annelise TOUBOUL, Maîtresse de conférence, Université de Lyon 2 / Chercheure ELICO
Ces dernières années, de nouveaux médias d’information ont vu le jour en France, choisissant le credo du format vidéo plus à même semble t-il de toucher les publics jeunes par le biais des réseaux socio-numériques. Ils se nomment Brut, Monkey, Konbini ou Minute-Buzz. Des entreprises internationales du web comme Snapchat ou Facebook ont également développé des applications propres à l’actualité. La proposition vise à interroger ces formats médiatiques qui rompent avec la classique définition d’un média d’information. Il s’agit d’analyser la construction d’une énonciation médiatique complexe et du discours d’actualité en résultant. Tout média est d’abord un dispositif d’interaction sociale qui constitue la réalité en discours. Il faut, selon nous, considérer comme signifiante la combinaison du média d’actualité et du réseau social qui fait bien plus qu’en assurer seulement la diffusion.
3 / Séance plénière
14 h – 16 h
14 h – 16 h
Les industries du numérique : moteur du capitalisme contemporain ?
SH-3420 | Animation : Éric GEORGE, professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS
Intervenants : Maxime OUELLET, Nikos SMYRNAIOS, Juan-Carlos MIGUEL DE BUSTOS et Jacob MATTHEWS
Intervenants : Maxime OUELLET, Nikos SMYRNAIOS, Juan-Carlos MIGUEL DE BUSTOS et Jacob MATTHEWS
Le Capital comme pouvoir : Facebook et la création de la valeur à partir de la rente de monopole symbolique
Maxime OUELLET, Professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS (GRISQ)
Cette communication consistera en une contribution sur les débats portant sur la question de la valorisation économique dans le contexte d’un capitalisme dit « numérique ». Mon argument central est que les principales approches traitant du digital labour comme source de valeur au sein des médias numériques ne sont pas en mesure de proposer une critique adéquate du travail dans le capitalisme numérique. Il sera soutenu que ces approches ne tiennent généralement pas compte des mutations institutionnelles qui ont eu cours au sein du capitalisme avancé depuis la fin du XIXe siècle. Dans ce contexte nous utiliseront le cas de Facebook pour démontrer que l’accumulation au sein du capitalisme avancé repose sur la capacité des corporations d’accumuler à partir d’une « rente de monopole symbolique ». En ce sens le processus d’accumulation du capital ne consiste pas dans tant dans l’accumulation de la richesse matérielle que sur des mécanismes extra-économiques de « quantification symbolique du pouvoir ».
L’oligopole de l’internet sous le prisme de l’économie politique
Nikos SMYRNAIOS, Maître de conférences, Université de Toulouse 3 / Chercheur, LERASS
Les plateformes et services numériques qui peuplent notre quotidien se multiplient tous les jours. Sociabilité ordinaire, travail, divertissement, éducation : la quasi-totalité de notre vie sociale est peu à peu colonisée par des appareils, des réseaux, et des services en ligne qui deviennent les adjuvants utiles mais aussi envahissants de notre vie personnelle, professionnelle et publique. Ce processus se déploie dans une économie globalisée et dérégulée qui favorise la concentration extrême des ressources. Dans ce contexte, quelques startups ont donné naissance à des multinationales oligopolistiques qui régissent le cœur informationnel de nos sociétés au point qu’un acronyme, GAFAM, leur est dédié. Dans cette communication, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft ne sont pas décryptés à travers le prisme de la réussite exceptionnelle qu’ils incarnent mais analysés comme les produits emblématiques d’un ordre capitaliste nouveau, qu’ils contribuent eux-mêmes à forger, légitimer et renforcer. J’y montre comment, aujourd’hui, les GAFAM utilisent leur pouvoir de marché exorbitant pour éliminer toute concurrence potentielle ou réelle. J’y décris avec précisions leur stratégie de concentration verticale et horizontale mise en place à travers le concept d’infomédiation. Enfin, je m’intéresse aux dispositifs sophistiqués qui permettent aux GAFAM de capter la valeur produite en ligne par une multitude d’utilisateurs et de structures non marchandes, y compris par le biais d’une exploitation massive de données récoltées sur les pratiques, les gouts et les relations des internautes.
Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) : stratégies et enjeux de régulation
Juan-Carlos MIGUEL DE BUSTOS, Professeur, Universidad del País Vasco
Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) possèdent des caractéristiques communes, dont l'une des principales étant que chacune de ces entreprises constitue un écosystème, dans lequel de multiples activités sont liées entre elles. Ces entreprises ont des activités différentes mais elles ont en commun l'énorme quantité de données qu'elles collectent et traitent. Cela leur permet de se développer vers toute activité dans laquelle il existe des données (santé, weareables, voitures autonomes, etc.). En un même temps, les données qu'elles collectent leur permettent d'innover, de telle façon qu'elles peuvent exclure les entreprises qui n'ont pas la même capacité de traitement des données. Actuellement, beaucoup d'entre eux sont au centre de l'attention et de la critique (fake news, abus de pouvoir, non-paiement des taxes) qui permettent voir des grands changements de perspective.
L'intermédiation numérique : suite ou fin des industries de la culture et de la communication ?
Jacob MATTHEWS, Maître de conférences, Université Paris 8 / Chercheur, CEMTI
Ma proposition de communication porte sur le phénomène de la prolifération de plateformes d’intermédiation numérique. Le développement présent du web s'accompagne de perturbations et d'innovations dans les processus de production et de consommation de nombreux biens et services ; on observe en effet une floraison de plateformes web dans des domaines – ou plutôt « par-dessus » des domaines – aussi divers que le tourisme et l'hébergement, l'ingénierie et la manufacture, les transports, les services à la personne, l'approvisionnement énergétique. Ma communication s’appuiera sur plusieurs études de cas (intégrant l’analyse des stratégies industrielles et des productions idéologiques des plateformes, ainsi que les tactiques déployées par leurs usagers) afin de considérer en quoi ce phénomène constitue une extension de logiques propres aux industries de la culture et de la communication, ou encore s’il pourrait s’apparenter à une dilution définitive de leurs spécificités.
4 / Séances en parallèle
16 h 15– 17 h 45
16 h 15– 17 h 45
Surveillance, pratiques culturelles et pratiques professionnelles
SH- 2420 | Animation : André MONDOUX, professeur, UQAM / Chercheur, CRICIS (GRISQ)
Intervenant·e·s : Rémi ROUGE, Yanita ANDONOVA et Samuel COSSETTE
Intervenant·e·s : Rémi ROUGE, Yanita ANDONOVA et Samuel COSSETTE
Les souvenirs numériques au service de la captation et de la valorisation des données
Rémi ROUGE, Attaché temporaire d’établissement, Université Paris 8 / Chercheur, LabToP
Depuis le début des années 2010, nous avons assisté au développement d’applications dédiées à l’organisation et la suggestion de souvenirs personnels (Timehop, Memoir, 1Second Everyday, etc.), que des acteurs dominants de l’économie numérique se sont vite appropriés, à l’instar de Facebook avec sa fonctionnalité « Ce jour-là » et Google Photos avec « Redécouvrez cette journée ». A partir d’entretiens réalisés avec des professionnels en charge de la mise en œuvre et du développement de ces services, nous interrogerons les circulations des données qu’ils suscitent, notamment par l’incitation au partage de ces souvenirs. Supposés réinsérer de la subjectivité dans les pratiques numériques des usagers, nous verrons que ces services permettent surtout aux sociétés qui les produisent de collecter davantage de données liées aux « identités numériques », données à haute valeur marchande et dont le monopole participe du processus de valorisation de ces entreprises.
Management algorithmique : transformations numériques, nouveaux métiers et pratiques RH
Yanita ANDONOVA, Maîtresse de conférences, Université Paris 13 / Chercheure, LabSIC
La contribution propose d’interroger d’un point de vue critique la manière dont le numérique affecte les pratiques managériales et RH dans les organisations contemporaines. Le discours managérial convoque les expressions « transformation numérique » et « transformation digitale » pour désigner un ensemble flou et très éparpillé de pratiques et de formes organisationnelles « agiles », « collaboratives », « transparentes », qui vont du télétravail aux communautés de logiciels libres, en passant par les fablabs, les tiers lieux et dispositifs connectés. L’usage du numérique y joue indéniablement un rôle majeur et affecte profondément les pratiques de travail, les formes d’apprentissage au sein des organisations et plus généralement les conditions d’exercices de certains métiers. Cela nous amène à étudier le management algorithmique, c’est-à-dire la mise en place de pratiques managériales prenant appui sur l’usage des algorithmes et ses conséquences néfastes en termes de lien social.
Nanotargeting et automatisation du discours politique : Cambridge Analytica et l’élection présidentielle américaine de 2016
Samuel COSSETTE, Étudiant à la maîtrise, UQAM / Chercheur CRICIS
Les campagnes politiques récentes, notamment le Brexit en 2015 et l’élection de Donald Trump en 2016, ont exposé l’importance grandissante de l’algorithmique et du microciblage dans le discours politique. Mis en place par des entreprises spécialisées internationales, créé avec des algorithmes et distribué à un niveau de plus en plus micro, le discours politique est industrialisé, hyperpersonnalisé et automatisé. Cette présentation s’intéresse aux nouveaux éléments qui caractérisent le discours politique à l’ère numérique, de l’analyse psychométrique au microciblage, pour évaluer les fondements ainsi que les impacts de ce changement communicationnel sur le commun politique et l’espace public, à l’aide du cas de l’action de l’entreprise Cambridge Analytica pendant les élections américaines de 2016.
Numérique et genre : entre aliénation et émancipation
SH-R810 | Animation : Hélène BOURDELOIE, maîtresse de conférences, Université de Paris Nord, chercheure, LabSIC
Intervenantes : Sklaerenn LE GALLO, Caroline CARON, Anne-Marie PILOTE et Lena A. HÜBNER
Intervenantes : Sklaerenn LE GALLO, Caroline CARON, Anne-Marie PILOTE et Lena A. HÜBNER
Discours antiféministes en ligne et gauche républicaine
Sklaerenn LE GALLO, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS
Alors que les travaux liés à l’étude de l’antiféminisme notamment dans l’environnement numérique se multiplient, ceux portant sur l’antiféminisme ordinaire de gauche sont quasiment inexistants. Plus nébuleux qu’un antiféminisme qui se positionne explicitement en opposition aux mouvements féministes et à leurs revendications exprimées en termes d’émancipation des femmes, l’antiféminisme ordinaire de gauche observable au sein même des partis et mouvements semble passé sous silence au profit d’un horizon politique commun – bien souvent républicain universaliste (Butler, 2012 ; Scott, 1998) – qui ne laisse pas de place aux revendications féministes d’un droit à l’autodétermination. Dans cette communication, nous souhaitons rendre visible cet antiféminisme d’une partie de la gauche française à travers l’observation de la communication de représentants politiques de gauche sur les réseaux socionumériques en ce qui a trait à des sujets d’actualité portant sur les droits des femmes.
Le genre, face (vraiment) cachée des rapports de domination dans le Web social ?
Caroline CARON, Professeure, UQO / Chercheure, CRICIS
Les recherches en sciences sociales qui examinent les formes de domination à l’œuvre dans les interactions sociales en ligne reposent principalement sur des cadres de référence faisant appel aux notions de cyberviolence, de cyberintimidation, de cyberagressions et d’incivilités. La question qui sert de titre à cette présentation met en cause la neutralité de ces concepts, qui fait l’impasse sur une évidence : la dimension sexuée des rapports de domination qui sévissent dans le Web social. Dans un contexte où les courants de recherche majoritaires restent silencieux au sujet du cybersexisme et des cyberviolences envers les femmes, l’investigation empirique de ces phénomènes, et des rapports de genre qu’ils sous-tendent, se heurte à un certain nombre de défis méthodologiques et épistémologiques. À partir d’une perspective féministe, cette présentation exposera certains d’entre eux.
Mobilisations féministes et réseaux sociaux : le mouvement #StopCultureDuViol
Anne-Marie PILOTE, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS
Lena A. HÜBNER, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS
Lena A. HÜBNER, Doctorante, UQAM / Chercheure, CRICIS
Dans la foulée de la vague d'intrusions et d'attouchements dans une résidence de l'Université Laval et de l'affaire Paquet-Sklavounos survenus en octobre 2016, l'artiste féministe, Natasha Kanapé Fontaine, a initié le mouvement Stop à la culture du viol afin d'inciter les Québécoises et les Québécois à manifester contre les stéréotypes sexistes qui alimentent la culture du viol et l'inaction gouvernementale dans la lutte contre les agressions sexuelles. Le mot-clic #StopCultureDuViol a immédiatement été lancé sur Twitter et Facebook et a conduit de nombreux groupes féministes à se l'approprier. La présente communication présente les résultats finaux d'une étude de cas qui explore les usages que font sept groupes féministes de ce mot-clic tout en jetant un regard critique sur le rôle plus large de la mobilisation en ligne dans leur lutte contre les agressions sexuelles au Québec.
Les « nouvelles » pratiques journalistiques en ligne : enjeux et défis
SH-3220 | Animation : Aimé-Jules BIZIMANA, Professeur, UQO / Chercheur, CRICIS
Intervenant·e·s : Pascal RICAUD, Sylvain ROCHELEAU et Louis-Philippe RONDEAU
Intervenant·e·s : Pascal RICAUD, Sylvain ROCHELEAU et Louis-Philippe RONDEAU
Nouvelles pratiques de l’information et nouvelles figures du public à l’ère du numérique : réflexion autour d’un nouveau contrat médiatique
Pascal RICAUD, Maître de conférences, Université de Tours / Chercheur PRIM et CRICIS
À partir des exemples de Radio France International (RFI) et de Radio Canada, il s’agit de mieux saisir la place et l’influence réelles des nouvelles figures intermédiaires de l’information – contributeurs ou « intermédiateurs » – avec qui (et sur qui) les professionnels doivent désormais compter. Quelle est l’ampleur et quels sont les enjeux de ce nouveau contrat médiatique (celui d’un journalisme participatif) entre instances de production et de réception de l’information, sachant qu’il coexiste avec un contrat médiatique plus traditionnel (Charaudeau, 2000) ? Une frange sociale très restreinte des internautes serait concernée en réalité (Rebillard, 2011 ; Smati et Ricaud, 2015). Nous serions encore éloignés des poncifs d’une « agora virtuelle » ou d’un nouvel « espace public médiatique », même si se développe une véritable culture participative (Jenkins, Ito, Boyd, 2017) notamment dans le domaine de l’information.
Enjeux éthiques de l'IA dans la production journalistique
Sylvain ROCHELEAU, Professeur, Université de Sherbrooke / Chercheur CRICIS
Le journalisme est devenu en partie automatisable. Des milliers d’articles sont déjà écrits et publiés grâce à des logiciels d’écriture automatique tels que Quakebot, Wordsmith, Data2Content ou Stats Monkey qui sont utilisés par de grandes entreprises de presse comme Associated Press, Le Monde et le New York Times. Comme beaucoup d’industries, celle des médias tente d’utiliser l'intelligence artificielle afin de rationaliser ses processus et ainsi réaliser des économies d’échelles. L’information, autant en ce qui a trait à sa production que sa diffusion, n’est toutefois pas un produit ou un service comme les autres et son automatisation ne va pas sans soulever quelques questions éthiques. Comment un robot-journaliste acquiert-il ses données en s’assurant de paramètres tels que la légalité ou le respect de la vie privée? Dans quelle mesure les entreprises de presse devraient-elles être transparentes quant à leur utilisation de ces logiciels? Relève-t-il du droit du public à l’information de savoir si un article est écrit par un humain ou par un robot?
Réalité virtuelle et faits alternatifs : les réalités subjectives des communautés numériques
Louis-Philippe RONDEAU, Chargé de cours, UQAC / Chercheur, École des arts numériques, de l’animation et du design
Les technologies de réalité virtuelle sont en plein essor. Elles proposent une expérience subjective, agentive, immersive, et explicitement factice. Parallèlement, des évènements récents ont exposé l’influence démesurée des « fausses nouvelles » dans les médias sociaux. Considérant l’acquisition récente d’Oculus VR par la multinationale Facebook, cette communication examinera en quoi la convergence pressentie des médias sociaux et des plateformes de réalité virtuelle aurait le potentiel de prescrire une conception altérée de la réalité à ses usagers.
5 / Conférence
18 h – 19 h 15
18 h – 19 h 15
Pour une archéologie du culte du nombre
SH-3420 | Animation : Michel SÉNÉCAL, Professeur, Université TÉLUQ / Chercheur, CRICIS
Conférencier : Armand MATTELART, Professeur émérite, Université Paris 8
Conférencier : Armand MATTELART, Professeur émérite, Université Paris 8
Pour une archéologie du culte du nombre
Armand MATTELART,
Professeur émérite, Université Paris 8
Professeur émérite, Université Paris 8
L'idée de société régie par le nombre a pris forme au fil des siècles en intronisant la mathématique comme modèle de raisonnement et d'action utile favorisant ainsi l'émergence des techniques d'identification biométrique, de surveillance et de contrôle. La surveillance et le contrôle sont devenus aujourd'hui un phénomène de masse, les États, des « États de surveillance », le citoyen, un individu-mesure, les dispositifs, sophistiqués et universalisés, les usages des technologies de l'information et de la communication, hybrides: militaires et civils. Le risque est que, finalement, seuls les nombres comptent. Si l'exploitation des magmas de données à des fins de prévision et de prédiction peut servir à combattre les pandémies, elle peut, surtout et plus globalement, être source d'erreurs massives entraînant des prises de décision aux conséquences dramatiques. D'où la mise en garde qui s'impose contre les abus de la nouvelle gouvernementalité par les nombres et les données